« Prise d’otages », « séquestration », c’est une véritable escalade étymologique dans les médias ! En fait, Serge Foucher, PDG de Sony France, a juste goûté aux joies de l’hospitalité landaise et des trois huit, dans la nuit de jeudi à vendredi à l’usine de Pontonx (40). Il était venu rencontrer une dernière fois ses 311 salariés pour leur rappeler que leur usine va fermer en avril prochain et qu’ils obtiendront un mois de salaire par année d’ancienneté et rien pour les personnes âgées de plus de 55 ans. « On est très loin de ce qui a été accordé lors de la fermeture par exemple des sites alsaciens ou parisiens » déclare Patrick Achaguer, délégué syndical CGT. Trois projets de reprise avaient été examinés par le cabinet Oneida dans la plus grande opacité avant d’être abandonnés. Ni une, ni deux, les employés de l’usine enferment leur patron dans une salle de réunion et bloquent les accès de l’usine avec des troncs d’arbres récemment renversés par la tempête Klaus. Le cyclone et Louise Michel font des petits ! Ça se passe pas loin de chez moi et pas loin de mes envies les plus folles. J’y vais. Une vingtaine de flics encadrent les manifestants. Quelques palettes brûlent et des banderoles indiquent : « Sony Pontonx : l’arnaque » ou « Sony, du respect pour tes employés ». On m’indique que le patron et le DRH sont enfermés, qu’on ne peut pas aller les voir, et que tant qu’ils resteront sourds à la colère des futurs chômeurs ils ne sortiront pas. L’ambiance est « bon enfant » mais la colère est immense. Durant la nuit, ces désespérés expliquent aux dirigeants qu’ils n’acceptent pas des indemnités “au rabais” et que ces aides à la reconversion, à la mobilité et à la création d’entreprise sont inférieures aux aides accordées par le passé. Le patron se cache derrière « la crise », cette belle excuse à tous les excès. Mais le Landais est têtu et le condamné à mort n’a plus rien à perdre. Les portes restent fermées. Les Guadeloupéens ont prouvé que la ténacité paie. « On n’a plus rien à perdre » répètent les manifestants. 10H30, le PDG sort enfin tandis qu’une centaine de salariés forme une haie silencieuse à son passage. J’aurais aimé qu’il les regarde un à un dans les yeux. J’aurais aimé lui balancer mes pompes à travers la gueule mais j’ai des projets pour mes trois prochaines années. Il se dirige droit vers les caméras et déclare avec une sourire cynique « qu’il est content de revoir la lumière du soleil ». C’était donc son seul soucis, revoir la lumière du soleil. Les futurs chômeurs seront contents aussi d’avoir tout le loisir d’observer le soleil. Mais comme cette aventure se termine un vendredi 13, la chance n’est pas totalement absente, les salariés et syndicats obtiennent une réunion de conciliation, sous l’égide de la direction départementale du travail à la sous-préfecture de Dax.
Marc Large